Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Texte libre

Point de départ: Bébert, chat et camarade de Céline

 

Pour la suite, nous verrons bien. Des articles de JBV, LB, SM et AT sur tout ce qui compte pour nous aujourd'hui : romans, essais, poésie, musique... quelques pointes picturales et inspirations théophiliennes de voyages.

 

Les idées, avis et lignes inspirées sont les bienvenus dans les commentaires.

Recherche

Archives

22 octobre 2006 7 22 /10 /octobre /2006 18:47
Effectivement, le silence règne dans le coeur de Bébert!!! De Londres... il faut du temps pour traverser la Manche. Mes mots rament!
Partager cet article
Repost0
14 septembre 2006 4 14 /09 /septembre /2006 17:21
Partager cet article
Repost0
31 août 2006 4 31 /08 /août /2006 16:07

Gao Xingjiang

 

« La crampe »

 

Nouvelle issue du recueil « La canne à pêche de mon grand père »

 

 

Il nage. Cela fait déjà quelques temps qu’il s’est jeté à l’eau, alors que le crépuscule s'annonce et que le vent se lève. Il n’est qu’un petit point noir sur l’horizon assombri.   

 

Il s’est jeté à l’eau, pour impressionner la jeune fille au maillot rouge, espérant qu’elle le suivrait des yeux, ou tout simplement parce qu’il avait envie d’être le seul à évoluer dans cette mer d’encre.

 

Et c’est là qu’une crampe, une maudite et malencontreuse crampe le saisit. Il est loin déjà et Dieu seul sait ce qui va advenir de lui.

 

Un jeune homme lutte contre la mort, ou lutte pour la vie, alors que ses amis boivent en riant sur la grève. Un jeune homme échappe à une fin certaine, presque par miracle, mais n’a personne à qui parler : ses amis jouent au carte, ou dorment déjà. Alors, il retourne sur la plage et voit deux de ses compagnons se jeter à l’eau, ivres. Le vent souffle, et leurs voix se perdent au loin.

 

Bientôt, on ne les distinguera même plus sur la ligne maintenant floue que dessinent les nuages sur la mer, bientôt, ils ne seront plus rien du tout…

 

Gao Xingjiang ne cherche ni à juger, ni à condamner, juste à faire ressentir à son lecteur, à partir d’une histoire anodine, l’absurdité de l’existence, accrochée à un fil, et l’inconscience des hommes face à la mort.

 

Un recueil de six nouvelles, écrites dans une langue étrange, presque aseptisée, débarrassée de toutes métaphores. Des récits bruts, aussi poétiques ou violents que la vie même peut l’être…

 

Partager cet article
Repost0
24 août 2006 4 24 /08 /août /2006 16:21

Garpastum

 

 

 

Saint Pétersbourg, 1914-1918

 

 

C’est un éloge de l’inconscience de la jeunesse, qui s’accroche avec espoir et désinvolture à l’idée que rien ne pourra la détruire. Là où tout est en train de s’écrouler, là où l’ancien monde bascule, elle se persuade, aveugle, qu’elle est indestructible.

 

A Saint Pétersbourg, les automnes sont pluvieux, les ruelles sales, lorsque l’on s’éloigne des vastes et interminables avenues. Les jeunes du quartier se sont entichés d’une nouvelle distraction : « garpastum », antique jeu au ballon, ancêtre du football. Et ils se jettent à corps perdu dans leur nouvelle passion, alors que leur univers chancelle, que se profilent au loin les horreurs de la guerre, la Grande, et de la Révolution.

 

C’est l’histoire de deux frères, aussi différents que la nuit l’est du jour. L’un maladroit et courageux, dont le sens de l’honneur est la vertu la plus noble, l’autre, égoïste et séducteur à qui l’on pardonne tout, à cause de sa beauté. L’un s’entiche d’une riche mécène qui lui enseigne les jeux de l’amour, l’autre se consacre à ses études.

 

Les couleurs ont des teintes sépia, la pluie et la boue succèdent la beauté des palais pétersbourgeois.

 

C’est l’histoire un peu triste d’un monde qui s’éteint, de la jeunesse qui s’envole, tout ceci sans une note de musique, à l’exception d’une lente mélodie au piano, qui arrive, aussi légère qu’inattendue, à la toute dernière seconde du film…

 

 

Garpastum, d’Alexeï German, 2005.

 

Site http://www.garpastum.ru

 

 

 

Partager cet article
Repost0
27 juillet 2006 4 27 /07 /juillet /2006 23:01

Soleil trompeur

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Trompeur comme le soleil

 

 

 

Quittant les flots vermeils

 

 

 

Tu m’as dit au petit jour

 

 

 

Qu’il n’y aurait pas d’amour »

 

 

 

 

 

 

C’est la chanson par laquelle commence le film, la mélodie qui l’habille, le motif qui brode l’intrigue, un air aux variations tantôt gaies, tantôt mélancoliques qui vous restent en mémoire.

 

 

 

Je vous en parle par expérience puisque j’ai vu ce film lorsque j’avais neuf ans et que depuis, sa musique ne m’a pas quittée.

 

 

 

Ni la lumière étrange et claire qui nimbait les cadres de l’image, ni le sourire de Nadia, ni le regard brûlant de Mitia ne se sont évaporés de mon esprit.

 

 

 

C’est dans une datcha russe, une journée d’été. Les murs de bois clair, les petits déjeuners dans la véranda, les thés interminables, les après-midi de croquet, les bains de rivière, les bains de vapeur. Mais nous sommes en 1936 dans une Russie communiste, celle de la Terreur, des purges, de la collectivisation. Comment cette étincelle de vie d’Ancien Régime a-t-elle pu se maintenir ? Par quelle miracle ?   

 

 

 

Le général Kotov y passe ses vacances avec sa fille, Nadia, sa femme Maroussia et la nombreuse famille de celle-ci, intellectuelle et instruite, miraculeusement échappée de la tourmente révolutionnaire grâce à Kotov.

 

 

 

Et puis un matin, un petit grain de poussière vient se poser sur cette belle mécanique, un certain Mitia, ami d’enfance de Maroussia que tout le monde croyait mort revient. Il est très beau Mitia, fin et cultivé, pianiste. Il a été aussi le premier et grand amour de Maroussia, celui pour lequel elle a voulu s’ouvrir les veines.

 

 

 

Alors tout doucement, à pas de loup, sous le soleil trompeur, le malheur va ternir l’horizon sans nuages.

 

 

 

Mitia, c’est le drame d’un homme que l’histoire a chassée de sa vie et qui préfère tout détruire plutôt que de laisser quelqu’un prendre sa place. Kotov c’est le drame d’un homme qui croit au soleil trompeur de la Révolution à tel point qu’il s’y brûlera.

 

 

 

Il y a tout dans ce film : l’émotion, les larmes, le rire. Il y a quelque chose de grave qui vous pénètre, quelque chose d’indéfinissable. Comme si un éclat de la mélancolie russe serait venu se greffer dans votre cœur, quelque chose de dérangeant et de fascinant, d’un peu triste. Et surtout, il y a cette musique, cette musique qui ne veut plus vous quitter.   

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
27 juillet 2006 4 27 /07 /juillet /2006 18:03

Critique du Cyrano de Bergerac de la Comédie française (juillet 2006) (AT)  

 

« Ah que pour mon bonheur je donnerais le mien

 

Quand même tu devrais n’en savoir jamais rien

 S’il se pouvait un jour que de loin j’entendisse

 Rire un peu le bonheur né de mon sacrifice »

 

Qui était Michel Vuillermoz avant de s’habiller d’un « nez … très grand » ? Il était parmi les badauds peut-être, ou une « miette de cadets », parmi les « cent hommes » face à un seul ? Et bien oui, si l’on regarde attentivement sur les plateaux de Rappeneau, sous la lueur discrète des chandelles, on aperçoit celui qui connaîtra le succès et les rires de la Comédie française.

 

Mais alors pourquoi ? Pourquoi avoir fait de cette œuvre sublime une farce burlesque, un grand spectacle de fumée, de cris et de gestes ? Si Rostand savait que l’on joue Cyrano comme on joue Montfleury ! Il sort en caleçon d’un panier en osier, hurle à tout vent, et – o damnation éternelle – parvient à faire rire une salle complète lors de la dernière scène.

 

 

Au troisième étage, assis péniblement dans la chaleur, nous étions là. Et Michel Vuillermoz, Eric Ruf et Florence Gillard, perdus dans un comique déplacé, ne nous ont pas fait trembler « le long des bleus rameaux ». Pas une fois.

 

Le premier acte est bouillonnant, les décors virevoltent et se transforment, les acteurs bougent, et un écran insère une mise en abîme. Dès lors on se croit sauvé. Car sur la place Colette lorsque l’on attendait, il y avait une crainte, une crainte véritable d’être déçu. On espère tant après avoir entendu la voix musicale d’Anne Brochet, la souffrance et l’impuissance de Vincent Pérez et  – disons le – le talent poétique de Gérard Depardieu. Alors on s’agite dans ce décor de brocard, on patiente quelques instants, on voudrait se taire et écouter le silence précéder les trois coups. Le rideau se lève enfin, et les acteurs nous font rire. Quelques idées personnelles de Podalydès animent les premiers dialogues.

 

Une fois le premier acte terminé, les applaudissements vigoureux de la salle brisent définitivement nos espoirs. C’est trop tôt. Ces clappements rappellent le théâtre à la réalité. Dès lors cette pièce n’est qu’une chute. Plus on attend moins on reçoit. L’aveu de Roxane  à Cyrano parvient encore à se tenir, mais le troisième acte ne nous fait voir que « la noirceur d’un long manteau qui traîne ». Jamais « la blancheur d’une robe d’été ». Françoise Gillard est agressive, énervée, et il est si ardue de sentir son amour.

 

«Ô temps suspends ton vol »1

 

Sous le balcon, Cyrano est enfin libre. Libre d’aimer, de faire trembler celle sans qui sa vie n’a plus de raison d’être. Cette scène à la Comédie française n’existe plus. On peut l’oublier. Pourquoi Roxane n’est pas émue, pourquoi ne le sommes nous pas ?

 

A l’entracte, si nous étions partis, cette critique aurait été moins virulente, car c’est après que le texte ne fut pas compris. Pas compris par la salle qui rit, s’amuse de ces clowns sur les planches, par les acteurs qui dans ce siège d’Arras hosseinien assistent à la fin de Christian sans une larme sincère. Et puis, nous, dans le public on se jette un regard inquiet, on a cru reconnaître quelques notes mais sans y croire. Serait-ce véritablement le Boléro de Ravel ? Auraient-ils osé ? Le rythme militaire de cette œuvre publicitaire, de curieux chants corses hurlés par les Gascons dans la fumée des tranchées, et les airs grandiloquents nous achèvent dans ce quatrième acte. « Ce petit rond », les pleurs de Cyrano sur les lettres d’amour, l’aveuglement et l’inconscience de Roxane, tout cela est bâclé, mâché, hâté et l’on regrette si fort de ne pas être au cinéma !

 

 

 

Enfin, les cloches du couvent sonnent, et nous avons « la mort dans l’âme » car nous nous rappelons du texte, mais le public, lui, n’est pas prêt à découvrir le secret de Cyrano, toute cette « généreuse imposture ». La véritable honte de cette mise en scène est là.  Aucun bruit ne devrait être entendu, aucun rire, on ne devrait écouter que les derniers battements lourds de ce cœur de poète, que les sanglots de Roxane, impuissante à présent. Les aveux chuchotés, les années de silence. Mais un rire vient s’abattre sur les mots, un rire du public à cette phrase déchirante : « Non, non, mon cher amour, je ne vous aimais pas »

 

Alors que dire de ces trois heures tant attendues pourtant ? Que dire des critiques dithyrambiques de nos journaux ?  Rien.

 

 

 

Rappeneau, lui, a aimé ce poète lunaire, et après « quatorze années » de fidélité dans le deuil et l’amour, Cyrano peut enfin partir. La perfection de ce film est là, dans le point d’orgue de la vie de Cyrano, dans ce silence uniquement troublé par le bruissement des feuilles. Il n’y a pas de rire, pas de burlesque. Il y a le silence bercé par le vent. Il y  a le temps suspendu à la lune.

 

1 Le Lac d’Alphonse de Lamartine

 

 

 

 

« Mais. . .chanter,
Rêver, rire, passer, être seul, être libre,
Avoir l'oeil qui regarde bien, la voix qui vibre,
Mettre, quand il vous plait, son feutre de travers,
Pour un oui, pour un non, se battre,--ou faire un vers!
Travailler sans souci de gloire ou de fortune,
À tel voyage, auquel on pense, dans la lune!
N'écrire jamais rien qui de soi ne sortit,
Et modeste d'ailleurs, se dire mon petit,
Soit satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles,
Si c'est dans ton jardin a toi que tu les cueilles!
Puis, s'il advient d'un peu triompher, par hasard,
Ne pas être oblige d'en rien rendre à César,
Vis-à-vis de soi-même en garder le mérite,
Bref, dédaignant d'être le lierre parasite,
Lors même qu'on n'est pas le chêne ou le tilleul,
Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul! »

 

 

Partager cet article
Repost0
25 juillet 2006 2 25 /07 /juillet /2006 18:14

26 jours de la vie de Dostoïevski d’Aleksandr Zarkhi

 

Dans le froid de la ville, on ouvrait un journal. Comme un feuilleton, on y pouvait découvrir le destin torturé et violent de Rodia Raskolnikov, chapitre après chapitre. Pour arriver à subsister, Dostoïevski avait beaucoup lutté. Le succès littéraire n’était pas chose facile et face à l’avidité des éditeurs, l’écrivain ne pouvait se protéger.

 

En 1866, il était pourtant adulé des cercles littéraires et des étudiants qui se retrouvaient le soir, dans des salons ou des mansardes et partageaient avec frénésie leurs envies, idées ou craintes parfois pour la suite des romans. Son éditeur réclamait de lui l’impossible, des romans, encore des romans sans jamais attendre, sans comprendre que chaque page est une souffrance, un accouchement périlleux qui torture son auteur. Face à ce labeur trop intense, Dostoïevski accepta de dicter son travail à une jeune femme de 20 ans, sténographe. L’angoisse pénètre son corps tout le long du chemin, et à présent en bas des escaliers, Anna Grigorievna espère sentir la grâce et le talent de cet auteur qui l’a tant émue. Les premiers contacts sont difficiles, l’homme est sombre et hargneux, mais la jeune fille ne perd pas espoir. Elle n’abandonne pas sa quête. Elle découvrira cet homme, parviendra à extirper des lignes la réalité de ce créateur. Jeune et discrètement belle, Anna Grigorievna, rejette parfois avec effroi la noirceur de ce qu’elle doit recopier, elle ne peut supporter tout ce mal. Dans Le Joueur, elle se retrouve face à une femme malsaine, une relation destructrice et empoisonnée, face au vice autobiographique de l’auteur. Le jeu, l’enivrement de l’argent facile jusqu’à la dépendance.

 

Ainsi, la confrontation entre cet homme vieillissant qui revit ses heures sombres, divague d’épuisement, habite au cœur même de l’obscurité de l’âme humaine, et une jeune femme douce et innocente portée par ses récits est en réalité davantage un abandon de deux êtres. Il sent en lui grandir un amour sincère et simple pour Anna qui inconditionnellement le soutient et l’aime depuis les premières lignes parcourues par son cœur léger.

 

On trouve dans ce film la véritable ambiance, atmosphère des romans russes de Dostoïevski, des escaliers froids où souvent l’on croise le désespoir, les rues glacées de Saint-Pétersbourg, le regard troublé d’une jeune beauté passionnée. En 26 jours, Dostoïevski parvient à écrire Le Joueur.

 

 

 

                                                 

A voir :

 

26 jours de la vie de Dostoïevski, à l’Arlequin (Paris VI) prochaine projection le 2 aôut.

 

 

A lire :

 

Biographie de Dostoïevski par Henri Troyat (Excellente !!)

 

Biographie de Dostoïevski d’André Gide (Un peu moins bien)

Partager cet article
Repost0
23 juillet 2006 7 23 /07 /juillet /2006 11:27

Sur le recueil Matère céleste de Pierre Jean Jouve, extrait  de la troisième partie du mémoire de master 1 : « Pierre Jean Jouve et William Butler Yeats, deux aventures poétiques » sous la direction de Jean Yves Masson, professeur de littérature comparée à l’Université de Paris IV-Sorbonne.

       Par commodité, les ouvrages fréquemment cités seront mentionnés grâce aux abréviations suivantes. Les ouvrages cités occasionnellement (critiques, essais, références littéraires…) feront l’objet d’une note.

        Œ 1, 2 Pierre Jean Jouve, Œuvre, tomes 1 & 2, Mercure de France, édition de Jean Starobinski, Paris, 1987 ; 

       La poésie patiente 

               Ah ! je suis – ayant quitté la route des robes

              Des femmes satinées soyeuses des lamés d’or frais et des fontaines de seins dressés dans l’air vieilli des Hélènes

    Ode, Œ 1, 805 

       * 

       L’entrée de Jouve dans le monde issu de la mort et de l’éclatement d’Hélène, la femme célébrée, est aussi celle du poète dans un nouveau rapport au monde, dans un rapport double de mémoire et de projection : de ce que fut le corps d’Hélène et de ce qu’il est devenu Le poète tisse un réseau d’images plus denses dont le but est à la fois de susciter la rencontre avec l’être aimée et disparue mais aussi d’exploiter toutes les rencontres éventuelles. Le rapport institué avec la matière poétique – matière hybride entre la femme et le monde – est aussi double par conséquent. D’abord le poète trouve l’illusion de revivre le contact avec sa muse :

         Étrange ! Ô je suis encore une vraie fois

         Contre ton sein ton globe mystique au parfum

         Plus suave que la rondeur du printemps

         Et que la mort rosée chargée de veines,

         Ton mamelon de femmes des vallées (Œ 1, 294)

       De même, l’histoire tramée par le recueil est celle d’une confrontation avec la nouvelle forme d’Hélène, forme immense et omniprésente, presque monstrueuse :

         Elle s’ouvre : c’est une aurore ou une femme

         C’est un ciel tombant bleu et feu dans nos blessures

         Un étincellement de monstres de marbre (Œ 1, 301)

       Le cadre général donné à la poésie est celui d’un combat avec la matière, d’un combat proche comme un rapport amoureux et sensuel. Jouve avait très certainement en mémoire cette célèbre ligne de Rimbaud, à la fin d’Une saison en enfer : « Le combat spirituel est aussi brutal que la  bataille d’homme ; ». Mais le poète affronte quelque chose de bien plus grand que lui : il se trouve face à des « monstres », il est soumis à la chute d’un « ciel ». Le poète doit gérer un monde en déliquescence, cependant le désastre en cours n’inspire pas un vers uniquement rempli de crainte et d’horreur. La mort est source de couleurs, elle est vivante et sensuelle, le statut monde poétique est profondément ambigu : le « bleu » du beau temps est allié au « feu » qui brûle les blessures mais aussi qui éclaire et provoque les « étincellements ». Mais aussi ce qui échoit au poète c’est « feu le ciel bleu ». On  ne sait si c’est encore Hélène qui est présente ou Hélène métamorphosée mais en tous cas ce qui est là est généreux comme un corps de femme : cette présence mystérieuse annonce l’aube, « l’aurore » du monde nouveau qui, comme elle, « s’ouvre ». Hélène semble renaître par cette ouverture d’elle-même et partout elle est présente. Les arbres montent au ciel comme ses membres, les rochers sont pleins d’éclats de chairs et de vie qui font des éclats de lumière. Jouve mobilise en creux le thème de l’apocalypse, mais celle-ci n’est pas une vision comme chez Yeats : elle relève de l’expérience. En effet, à la corne d’abondance qu’est cette nouvelle Hélène où : « Tout est blanc tout est expirant mais éclatant » (Œ 1, 303) répond l’ouverture du poète qui est sa « blessure », sa faculté et sa volonté de recueillir, le simple rayon de lumière constitue autant une agression qu’une richesse. La poésie consiste en un épuisement des forces vitales, la parole est tirée de l’endurance d’un monde qui a pour seuil la mort d’autrui. La tâche du poète est d’exploiter cet « Adorable ruban que la chair se déroule » au sein duquel il se trouve comme jeté, il doit être tourné, vers l’expérience du monde, sa souffrance, ou encore, pour reprendre le terme de Léonide à la toute fin de son récit : « Hélas, j’ignorais les signes, et ce qu’il fallait fixer. Je n’y parvenais pas. Mais une patience, nouvelle et profonde, se formait aussi… » (Œ 2, 1050, nous soulignons) : la « patience » désigne autant ici la capacité à savoir attendre qu’à savoir endurer. Comme l’indique la racine latine du mot, la vie du poète est une passion, il pâtit des vicissitudes imposées par le monde en décrépitude :

         Les faims sont dures comme des femmes nues

         Sur le lit du jour j’aime épouse je souffre

         Les perles matinales dorment de lumière

         Le long du rivage ourlé vert de la mort. (Œ 1, 315)

       Le poète vit là où la mort est mise en pâture et la poésie relate l’élan perpétuellement recommencé d’une action et de la vie. Jouve dresse un théâtre où le décor aride et violent malgré sa beauté réjouissante motive le drame. Et le drame du poète consiste à établir une parole, c’est ce qu’exprime ce poème tiré de la section « Nada » :

         LA LANGUE ET LES MURS 

         Comme la langue est collée à la boue

         Ces longs murs noirs sont attachés au sol

         Ainsi moi je m’expose et très long hurlement

         Mon devoir est de recevoir le souffle tiède

         Qu’une main parfumée dispense en souriant. (Œ 1, 320)

       L’enjeu de la parole est clairement mis en scène ici. En effet, il s’agit de tirer une parole hors de la « boue » : celle-ci rappelle immédiatement le célèbre vers de Baudelaire : « Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or » et par cette référence la formule rimbaldienne « Alchimie du verbe ». Si la « langue » y est « collée », c’est que le poète veut montrer qu’il s’agit de souffrir pleinement : l’ingestion suggérée de la boue évoque une blessure intérieure pour que la passion soit totale. La souffrance est virtuellement intestinale mais elle est vraiment intestine : être poète, c’est créer sa propre « langue », son usage propre d’une langue commune. La « langue » qui « est collée à la boue » c’est la langue présente du poète, qu’il habite tristement comme il habiterait des « murs noirs ». Ceux-ci dessinent un habitat lugubre et dont l’attachement au sol immobilise et paralyse le poète et sa langue. L’attachement de l’organe à la boue reproduit celle de tout l’homme à son état d’enfant, compris en son sens étymologique : celui qui ne parle pas. En effet, le poète n’a pas encore de vraie parole, il ne produit qu’un « très long hurlement ». Ce « hurlement » vient aussi du point de tension entre la situation inconfortable et le « devoir » qui incombe au poète. La rigueur du terme insiste sur la nécessité de forger une parole.

       La lutte qui occupe presque uniquement la seconde section du recueil, « NADA», cherche le repos qu’offre le nada. Ce thème que Jouve emprunte à Jean de la Croix traverse toute son œuvre : « Il fut toujours devant moi comme le ‘‘mot’’ propre à ouvrir la porte essentielle. » écrit Jouve dans En Miroir (Œ 2, 1138). Le nada est un rien qui n’est pas le néant absolu, mais une « absence » stimulante et créatrice. C’est un lieu de passage qui, comme le moment négatif d’une pensée dialectique, permet d’accéder à un état paisible après avoir examiné et nié les forces érotiques. Toujours dans En Miroir : « L’éros, en traversant une zone de vide et de bombardements de forces douloureuses, cherche sa transformation en Verbe – en amour divin. » (Œ 2, 1139). Nous soulignerons ici l’intime parenté de la pensée de Jouve avec le poème « Noche Oscura » de Jean de la Croix, ainsi introduit par l’auteur : « Canciones del alma que se goza de haber llegado al alto estado de la perfección, que es la unión con Dios, por el camino de la negación espiritual.1 ». Le motif nocturne est aussi mis en place par Jouve comme un lieu et un moment propices à une aventure et une transformation. Le nada est le décor moteur de la geste étudiée (celle du poète et de sa matière niée et contredite sans cesse), en même temps qu’il est l’état futur auquel le poète aspire :

         J’ai soif de me sentir insensible et parfait

         Commencer de peser néant à la balance

         Paternelle, un poids tout infini et ajouré (Œ 1, 326)

       C’est cette soif qui donne son élan au poète mais qui aussi le rend las de combattre. Jouve décline ainsi tout une poétique de l’abandon :

         A présent satisfait des quatre cris du plâtre

         Solennel dans mon cercueil tout en douceur

         Je te hais contrepoint de chair rose et nacrée

         Je vous fuis orgueil du temps soleil des nombres

         Je perds des diamants je laisse la beauté

         Terrible et sans linge et sanglante admirée

         Ce que je veux en elle c’est Ton cœur. (Œ 1, 324)

       Le poète trouve un temps le sentiment bienheureux de n’être rien. Il se trouve « satisfait des quatre cris du plâtre » qui sont les planches du « cercueil », les « longs murs noirs […] attachés au sol ». Résigné dans sa recherche poétique, il laisse sa langue dans la boue et s’en accommode. La récurrence du « je » dans ce poème montre combien le poète s’attache à abandonner tout activement (il décline volontairement la haine, la perte, le délaissement et la fuite, il ne subit aucune dépossession), et à créer le dénuement douloureux. Tout ce qu’il rejette, le poète le l’abandonne depuis le plus important jusqu’au plus simple : il commence évidemment par le « contrepoint de chair rose et nacrée » qui occupe trois des quatre périodes de l’alexandrin et qui évoque tous les traitements du sexe dans le recueil et l’œuvre accomplie, de même que le combat qui traverse le recueil et qu’il rêve d’avoir achevé, le combat où on croise la chair comme le fer. Jouve s’imagine mort, dans l’état de léthargie paisible qu’offre

         Un doux cercueil de pureté

         Où je nage à l’abri des croisements de chair (Œ 1, 325)

       On ne peut bien sûr omettre de rapprocher le mot « contrepoint » du sublime poème « FUGUE ». Jouve joue sur les deux sens du mots : une voix raconte sa fuite hors de son lieu de présence, et le poème semble écrit à la manière d’une fugue. La fuite est suivie d’une décomposition violente de la matière, qui retourne la logique d’endurance et de combat :

         J’ai fui dans des terrains sans habitation

         Je fus défaite en de longues lumières solaires

         Je fus blessée par des coups de feu plein d’effroi

         Je sentais que mes membres m’abandonnaient à la course

         Car l’extérieur était mort de froid (Œ 1, 314)

       La souffrance ici décrite, c’est celle de la matière poétique qui se défait devant les yeux du poète. Celui-ci, de même, n’a plus besoin d’abandonner la « chair rose et nacrée » car elle se désagrège devant lui. Ce lent évanouissement de la chair préfigure l’aventure racontée dans le long poème « Théâtre » qui ouvre le recueil d’Yves Bonnefoy Du mouvement et de l’immobilité de Douve. Dès le début, la figure féminine au nom et à la réalité mystérieux, se déchire dans sa course :

         Et je t’ai vue te rompre et jouir d’être morte ô plus belle

         Que la foudre, […]2

       La femme montre le chemin à suivre de l’aventure. La décomposition du corps féminin anticipe celle qui va clore l’aventure du poète. Un dialogue se noue entre le poète et ses interlocutrices qui appellent son action et disent la leur. Une geste parcourt le recueil, qui raconte le combat spirituel du poète aux prises avec les affres du corps et du péché. Alors que plus tôt dans le recueil la femme invitait le poète :

         Conduis-moi dans ce couloir de nuit

         Amant pur amant ténébreux

         Près des palais ensevelis par la nostalgie

         Sous les forêts d’odeur de chair et de suave (Œ 1, 295)

       C’est désormais au poète de faire le pas décisif vers la femme et en elle. Ainsi « LA PUTAIN DE BARCELONE » lui lance un défi :

         Ose entrer après moi dans ces portes claquantes

         Où suffit la cheville ardente d’un regard

         La grotte brune avec le parfum du volcan

         T’attend parmi mes jambes (œ 1, 323)

       La prostituée se présente elle-même comme une figure héroïque :

         J’ai traversé vingt fois sous un homme la mer

         Le sol gras de la mer et le bleu et les moires (idem)

       Alors que dans Sueur de sang, la prostituée était vue avec un mélange de pitié et de désir : « Invitant sourire était son orifice » (Œ 1, 209), désormais, elle présente son corps comme le lieu d’une épreuve physique. C’est une « grotte » qui rassemble la pierre et les fentes qui obsèdent l’univers poétique de Jouve. Jouve se souvient du second tercet du « Desdichado » de Nerval dont il offre une courte lecture dans son Apologie du poète :

         Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron :

         Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée

         Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.3

       Jouve reprend le motif de la traversée. La traversée du corps féminin qu’il tente de retrouver se mue en traversée orphique des Enfers. C’est ainsi qu’on rencontre la figure d’Orphée à la fin du recueil, Jouve s’en fait un masque souffrant et « agonisant ». Il incarne à son tour celui qui tente en vain de retrouver Hélène mais qui se retrouve pris au piège du corps. C’est un homme déjà en sang qui cherche le retour de sa bien aimée :

         Une harpe ayant plusieurs cordes brisées

         Mais résistante de douleur et d’or sur le fond bleu

         Acharnée, et des mains suspendues des mains coupées

         Touchent en pleurant les accords, (Œ 1, 342)

       La « résistance » d’Orphée dans les lambeaux de soi rappelle l’ambition de Jouve toujours tenue de forger une parole. Le chant d’Orphée poussé malgré tout c’est la poésie de Jouve sans cesse retentée alors qu’il se sent condamné au cri, qu’il sent sa langue paralysée dans la boue. De même les larmes d’Orphée ne sont qu’une nouvelle déclinaison nouvelle des pleurs du poète qui parcourent le recueil (« J’ai des larmes / Plein mon sexe d’homme vers le ciel », Œ 1, 291). Mais surtout, Orphée est pour Jouve celui qui assume les deux pertes de la femme, par conséquent celui qui peut vivre complètement son destin à lui. La seconde perte que Jouve doit subir, c’est celle de la transformation définitive d’Hélène en « Matière céleste ». La quête du nada était encore parcourue d’élans érotiques, et l’aventure balançait entre d’un côté la recherche du dénuement et de l’absence et de l’autre le souvenir ardent de la femme perdue. Orphée permet la conclusion de cette hésitation en offrant sa solution tragique : dire définitivement adieu à la matière poétique telle qu’il l’a construite jusqu’alors, les « Choses longtemps serrées sur ma mémoire » (Œ 1, 351). Cet adieu est à la fois motivé par la haine de soi et la perspective de jouissance de la quiétude :

         Lacérez-moi de vos dents

         Vulves féroces ! pénétrez à ma chair coupable.

         La lyre tout en haut tenant son chant tué

         Toujours en haut du bras expirant, portée. (Œ 1, 343)

       Et plus loin :

         Et vous très premières

         Sources les jambes ventres mains et seins

         Les yeux profonds tombeaux sous les chevelures vraies

         Adieu, toujours vécues ! Je pars il faut mourir

         A l’espace tomber dans l’espace oublié

         Laisser le cœur empli de vous à une vase

         Plus cruelle et sous la terre de laideur

         Ressusciter. (Œ 1, 352)

       Pour pouvoir vivre dans la tranquillité du cercueil qu’offre le nada, il faut accepter un nouveau rapport au monde. Pour accéder à l’abandon absolu qu’offre le nada, entamé plus tôt avec le déchirement de la matière poétique, « Il faut vous quitter mes chères lumières »  (Œ 1, 347) : c’est le démantèlement de soi qui est nécessaire, la mémoire doit être déchirée, séparée du poète qui doit se laisser « tomber ». Le dénuement rêvé semble s’achever mais dans une paix modérée, on ne sait si le poète acquiesce ou se résigne. Quoi qu’il en soit, il accepte d’abandonner son cœur à la « vase / Plus cruelle » de même qu’auparavant il trouvait la paix du cercueil ayant sa langue dans la boue. Le dernier mouvement du recueil de Jouve suggère une régression alchimique : les trésors construits mais insatisfaisants doivent être laissés pour retrouver un état informe. Le poète termine l’aventure avec la langue clouée au sol. Cependant, on ne peut pas ne pas souligner que le recueil de Jouve s’achève sur le verbe « Ressusciter ». A lui seul il forme le derniers vers du recueil, il pose déjà un jalon futur et propose ainsi le dernier élan du recueil.

Partager cet article
Repost0
23 juillet 2006 7 23 /07 /juillet /2006 11:19

Voici l'intégral d'un commentaire d'un ami de Peter Ustinov. WF a.k.a Max a souhaité réagir, rebondir, partagé son image des défis de l'enseignant qu'il sera bientôt.

Alors plutôt qu'un commentaire... un article

      Bonjour AT, et bonjour les autres, notamment SM, qui crois que je suis vraiment WF, l'ami allemand d'AT...

       Quelle tristesse en lisant ta tribune, ma bonne vieille AT, tu me files un coup de blues alors que je m'apprête à revêtir l'antique blouse des enseignants dans quelques années (désolé pour le jeu de mots crasseux...).

       J'aimerais apporter ma modeste contribution à ton propos. Tu résumes assez justement la qualité d'un enseignement à la flamme qui doit briller dans les yeux de l'enseignant, à sa fougue et sa passion. Pour la zique classique, il est vrai que ce n'est pas demain la veille que nous la verrons au programme, mais dans le fond ce n'est pas ça le pire. (Quoi, Max, c'est toi qui dit ça ???, se dit AT... 

       Le pire, c'est que les programmes aujourd'hui sont pollués de mille scories qui altèrent les fondamentaux de l'enseignement. Si la situation de l'enseignement est précaire, notamment dans le secondaire, c'est aussi parce qu'il a été précaire dans les classes antérieures. Il ne faut pas oublier que l'enseignant, surtout celui qui enseigne dans les petites classes, en gros jusqu'à la sixième, est celui qui doit donner les connaissances fondamentales qu'un citoyen doit posséder. J'emploie le terme de citoyen à dessein : je ne pense un homme que dans la société de son prochain, et la forme organisée de ces rapports s'appelle la cité. Je crois en la vocation politique de l'enseignement, en ce sens que politique signifie "qui concerne le vivre ensemble".

       Ce qui est en jeu à l'école, c'est la fondation du vivre ensemble. Et que faut-il pour vivre ensemble, une fois que le territoire est conquis et fixé : une langue. Une langue signifie deux choses entrelacées, il est important de les distinguer pour mieux saisir l'importance de ce mot. Une langue est, d'abord, une déclinaison particulière et autonome de la fonction langage, un système clos. Mais c'est aussi l'usage qu'on fait de cette langue : l'usage que Shakespeare fait de l'anglais (l'anglais pris dans la première définition) donne : l'anglais de Shakespeare. Ainsi chacun se construit-il sa langue propre. Chaque élève doit trouver son propre usage du français, et tous doivent s'y retrouver. Une langue doit être une vaste maison, vivant du même feu pour tous, ou pourtant chacun trouve sa place propre.

       Je vois venir la critique évidente : l'école ne doit pas donner un usage de la langue commune (c'est la dictature, on sait à quel point l'allemand fut stigmatisé comme langue du IIIe Reich, et combien les allemands souffrent encore de cette stigmatisation, alors qu'une ligne de Schiller, ou de Novalis, ou même un "Erbarme dich", c'est sublime). En effet l'école et l'enseignant, ne doivent pas dire le bon usage, mais montrer la bonne voie d'un usage, la différence est capitale.

       Une fois ces fondamentaux atteints, nous pouvons éventuellement penser à une société où l'échange a sa place, où l'écoute a sa place. Une fois que la langue fédère les hommes, l'écoute est une nature vivant en chacun. Là, dans ce pays imaginaire, on peut penser à un enseignement dans le secondaire.

       La vraie question reste celle des moyens que l'école, et par elle l'Etat, pour atteindre ce but. Bon, je peux pas tout faire moi, je laisse le relais à un autre utopiste. 

       Vient le sort de la musique classique, écris-je, alors que j'écoute la sinfonia de la cantate 42, par ce bon vieux Philippe Herreweghe (dont, soit dit en passant, la nouvelle Messe en si mineur, dont l'enregistrement date quand même d'une bonne dizaine d'années, n'est pas si mauvaise je trouve...) La musique est un produit culturel, elle est l'une des traces de l'histoire. Et, pirouette cacahouète, l'histoire est la troisième chose qui fédère. Ce qui permet d'unir les hommes, maintenant qu'ils habitent le même pays (c'est-à-dire qu'ils tiennent tous, instinctivement, leur épée dans le même sens contre d'autres hommes qui font la même chose de l'autre côté de la frontière ainsi créée) et qu'ils parlent la même langue, ils peuvent partager ensemble, enfin, leur histoire commune, ce qu'ils ont vécu. Je passe les détails : dans les marges de ce qu'ils ont vécu : les arts. En enseignant l'histoire, on enseigne l'hitoire des arts, et on donne son identité à chacun, comme membre d'une communauté qui partage des valeurs, une histoire commune, et qui célèbre les mêmes objets culturels. 

     Max, enfin, WF

Alors WF, AT te dit tu as raison les enjeux sont sans doute dans le primaire, mais là je le reconnais je n'ai pas le courage.

Partager cet article
Repost0
23 juillet 2006 7 23 /07 /juillet /2006 11:16

Famous blue raincoat, Leonard Cohen, 1971

 

 

 

It’ s four in the morning, the end of December
I’’ m writing you now just to see if you’re better
New York is cold, but I like where I’m living
There’s music on Clinton street all through the evening.

I hear that you’re building your little house deep in the desert
You’re living for nothing now, I hope you’re keeping some kind of record.

Yes, and Jane came by with a lock of your hair
She said that you gave it to her
That night that you planned to go clear
Did you ever go clear?

Ah, the last time we saw you, you looked so much older
Your famous blue raincoat was torn at the shoulder
You’d been to the station to meet every train
And you came home without Lili Marlene

And you treated my woman to a flake of your life
And when she came back she was nobody’s wife.

Well I see you there with the rose in your teeth
One more thin gypsy thief
Well I see Jane’s awake --

She sends her regards.
And what can I tell you my brother, my killer
What can I possibly say?
I guess that I miss you, I guess I forgive you
I’m glad you stood in my way.

If you ever come by here, for Jane or for me
Your enemy is sleeping, and his woman is free.

Yes, and thanks, for the trouble you took from her eyes
I thought it was there for good so I never tried.

And Jane came by with a lock of your hair
She said that you gave it to her
That night that you planned to go clear

 

 

 

Sincerely, L. Cohen

 

 

Partager cet article
Repost0

Articles RÉCents